Arméniens catholiques de Smyrne

J’effectue depuis de nombreuses années (1998) des recherches sur la communauté des arméniens catholiques de Smyrne, dont mes ancêtres (Mirzan et Micridis) et les familles alliées (Balladur, Issaverdens) faisaient partie. Il est impossible de mentionner ici tous les ouvrages et toutes les sources que j’ai consultés sur ce sujet. Toutefois ceux qui s’interessent à cette communauté trouveront fort utiles les écrits de feu Livio Missir (cité a plusieurs reprises sur mon blog et avec qui j’ai souvent correspondu) mais aussi de Marie-Carmen Smyrnelis dont l’article « Les Arméniens catholiques à Smyrne aux XVIIIe et XIXe siecles » (Revue du Monde Arménien Moderne et Contemporain, 1995-1996) est une référence incontournable sur le sujet.

Rappelons que ce groupe était « doublement minoritaire » : minoritaires dans l’Empire ottoman, car chrétiens et non musulmans; et minoritaires en tant que catholiques au sein du peuple arménien, dont la religion majoritaire est grégorienne.

Un certain nombre de ces familles d’arméniens catholiques de Smyrne faisaient partie du groupe dit des « Persans ». Les Persans étaient des arméniens  originaires du Nakhitchevan, une région qui faisait partie de l’Empire Perse et qui se trouve actuellement en Azerbaidjan. Ces arméniens dit « Persans » furent convertis au catholicisme romain par les missionaires dominicains au 14ème siècle; ils ont quitté leur Nakhitchevan natal en raison  de conflits entre les Empires perse et ottoman et se sont établis à Smyrne vers la fin du 17ème siècle et la 1ere moitié du 18ème siècle . Un certain nombre de famille de « Persans » jouissaient de la protection de la France à Smyrne (cas des Mirzan, Balladur et Issaverdens).

Notes explicatives :

(1) Dans le tableau suivant, les initiales SP signifie que Livio Missir a relevé des pierres tombales portant les noms de ces familles dans l’Eglise Saint-Polycarpe (SP), paroisse française de Smyrne. Ces familles font donc partie du groupe des « Persans » précédemment mentionnés et qui fréquentaient l’Eglise Saint-Polycarpe des capucins de Smyrne.

 (2) Le symbole (?) signifie tout simplement que je n’ai pas encore d’informations détaillées sur une famille, mais que les informations dont je dispose me permettent toutefois de l’inclure dans ce tableau des arméniens catholiques de Smyrne.

 Tableau Non Exhaustif et à completer avec votre aide:

Agop   (?)
Alberti SP. D’après certaines de mes lectures, ce nom pourrait être la forme européanisée de Bedrosoglou. Selon L. Missir, il s’agirait plutôt d’une forme italianisée adoptée par les descendants du négociant arméno-persan ‘Albertos di Minas’ (Albertos devenant Alberti). Un Charles Alberti (1775-), courtier de commerce et protégé français, avait épousé Clara Missir (1779-) fille d’Isaac Missir (1748-1831) et d’Annette Mirzan (1762-1839). Un Ignace Alberti était propriétaire du terrain sur lequel sera bati vers 1750 le premier hospice des Dominicains de Smyrne (actuellement église du St Rosaire à Alsancak (L. Missir, Epitaphier..1985). O. Jens Schmitt les donne comme « Protégés français » depuis 1688.
Apack (ou Apak) SP. Originaires d’Ankara autrefois Angora d’où le surnom d’anguriotes ou angouriotes donné aux Arméniens catholiques de cette région d’Anatolie. Source : J. Caporal dans « Levantine Heritage ». O. Jens Schmitt citant Nalpas mentionne un Ch. Alpack (probablement Charles sinon Christophe), Secrétaire de la Conférence de Saint-Jean et de Saint-Polycarpe, ajoutant que les familles importantes de Smyrne étaient souvent représentées dans ces « Conférences ».
Ayazarian ou Aghazarian   (?)
Balladur Les Balladur (patronyme que l’on trouve parfois écrit Balladour ou Baladour, sans doute pour être plus proche de la prononciation locale) étaient des arméniens persans. Certaines sources les donnent comme originaires d’Ankara mais feu mon ami et correspondant Ernest Balladur détient une lettre de son grand-père confirmant que la famille trouve son origine dans la province Persane du Naxivan (ou Nakhitchevan) qu’elle aurait quittée en 1737 avec les familles Issaverdens, Mirzan et alliées. Il est possible que les théories soient compatibles et qu’Ankara fut pour la famille Balladur une halte sur la route de Smyrne ; ou encore qu’une partie de la famille fut établie au Naxivan et l’autre dans la région d’Ankara. Selon certaines sources, un firman (ordre écrit) du Sultan Sélim III les exemptait de tout impôt et les déclarait sujets français depuis 1795.
Barry SP. Les descendants du négociant persan ‘Gaspar l’Ancien’, de la famille Eschigaspar, auraient adopté cette forme anglicisée de leur nom d’origine. D’après L Missir, Balthazar Barry, fils de Melchi et de Claire Mirzan, né à Smyrne en 1793 et décédé en 1869, avait épousé Régine Muzmuz, fils de Michel Muzmuz et Madeleine Rossi. Un autre Barry, Polycarpe, (1832-1900) épouse Malvine Roboly fille de Francois Roboly et d’Hélène Pharaon Missir. On voit encore la fréquence des alliances entre persans (Barry, Mirzan, Muzmuz, Missir) et entre persans et européens (Roboly, Rossi). On trouve aujourd’hui des Barry originaires de Smyrne en Grèce et en Angleterre.
Caraman Arméniens originaires d’Ankara
Copri (ou Copry) SP. D’après L. Missir il s’agit d’une famille arménienne persane (catholique) à ne pas confondre avec les Corpi et les Corsi, qui étaient des génois de Chios. Un Elie Copri, fils de Pierre Copri et de Marianne Muzmuz épousa une Madeleine Missir, fille d’Isaac Missir et d’Anne Mirzan. On voit les liens entre familles persanes (Copri, Missir, Mirzan, Muzmuz…).
Issaverdens SP. Illustre famille d’arméniens catholiques originaires du Nakhitchevan, et donc de «persans » comme les Balladur, Missir, Micridis, et Mirzan. Cette famille a joué un rôle primordial dans l’exode des arméniens catholiques du Nakhitchevan et leur installation à Smyrne. L’histoire de la famille Issaverdens, en préparation par l’un de ses descendants, M. Antoine Issaverdens, éclairera grandement tous ceux qui, comme moi, s’intéressent à cette communauté des persans de Smyrne.
Kelergioglou Arméniens originaires de Tocat
Maggiar SP. Cette famille n’est pas hongroise mais bien arménienne
Mattheysz (ou Mattheys, Matteitzs) SP. Un membre de cette famille d’arméniens catholiques, Richard Mattheys fut directeur du Crédit Lyonnais à Smyrne
Micridis SP. Autre ancienne famille persane de Smyrne, originaire du Nakhichevan, comme les Mirzan, Balladur ou Issaverdens. Lors de mes recherches sur mes ancêtres, j’ai pu collecter un certain nombre d’informations sur les Micridis et leur consacre une fiche sur mon blog.Le nom Micridis vient du nom arménien Mkrtiç signifiant Baptiste. Il a ensuite revêtu diverses orthographes en fonction des transcriptions dans des langues étrangères. J’ai à ce jour relevé les variations suivantes, mais il en existe sans doute d’autres: Micridich, Micriditz, Micreditch, Michirditch, Micherditch, Micherdich, Mecherdir, Meguerditch, Merkedits, Mikirdiz.

J’ai trouvé aux Etats-Unis des Mgrdichian dont on peut supposer qu’ils ont aussi la même racine.

Mirzan Ancienne famille d’arméniens-catholiques du Nakhitchevan, donc de ce groupe des « Persans » établis à Smyrne depuis probablement le 17ème siècle. Sur ce site, j’évoque à plusieurs reprises la famille dont je suis un descendant direct. Je lui ai consacrée un article et une fiche sur mon blog. Je serais heureux d’etre en contact et d’échanger avec toute personne qui serait liée à la famille Mirzan ou serait en possession d’informations ou documents sur elle.
Missir SP. Ancienne famille du Nakhitchevan également citée plusieurs fois sur ce site et dans l’article sur les Mirzan. L’un de ses descendants de cette famille, Livio Missir, était un des meilleurs spécialistes des minorités de l’Empire ottoman. Il nous a malheureusement quittés en 2015. Je lui dois beaucoup.
Murat SP. Au risque de décevoir ceux qui, portant ce patronyme illustre, pensent descendre de l’aide de camp de Bonaparte en Italie, fait maréchal, puis Roi de Naples, la famille Murat de Smyrne est une famille d’arméniens catholiques originaire de Khochekachène dans le Nakhitchevan persan, comme les Mirzan et Issaverdens. Le nom est parfois épelé Mourat et se prononce Mouratte.
Muzmuz SP. Ils apparaissent aussi comme Musmus dans de nombreux documents. Le nom se pronounce Mousmous. Liés aux Barry.
Naltpassioglou Ancètres d’Antonin Artaud, devenus plus tard Nalpas.
Pambouthoglou Originaires de Tokat
Pavlaky (ou Paulaky) SP. Livio Missir fait justement remarquer l’influence grecque dénotée par ce nom (le petit Paul en grec), comme celui de Pirgouly d’ailleurs.
Pirgouly  SP
Primi  (?)
Tocatoglou Originaires d’Ankara. Un Jean Tocatoglou épousa une fille de la famille Mikirdiz, Anne. Comme on l’a dit, les familles Mikirdiz et Micridis ne sont qu’une seule et même famille. Leur fille Madeleine Tocatoglou fut baptisée en 1824 à Smyrne et avait pour parrain Joseph Castelli.
Topuz (ou encore Topouz) Il est possible qu’il s’agisse de la forme abrégée de Topuzoglou. Originaires d’Ankara.
Yergane-Carapetents (ou Garabedentz)  (?)
Zipsy Anciennement Gipsoglou

 

Xavier Forneris Mirzan, Cercle du Levant, Washington © 2005-2020